29 octobre 2011
La Route de la Dîme
Afin de rejoindre le Burkina-Faso depuis le Bénin, plusieurs solutions s'offrent à moi, soit prendre l'avion (1h de Trajet, 230 roros), soit prendre le car (16h de trajet théorique, 25 roros). J'ai choisi cette dernière solution car moins onéreuse et plus intéressante sur le plan de la rencontre de la population et de la découverte des paysages d'Afrique. Je ne pensais pas que je vivrai une aventure hors-norme.
Après quelques déboires à Cotonou pour dormir dans un hôtel, j'avais bien une réservation mais malheureusement lors de mon arrivée toutes les chambres étaient occupées. J'ai dû attendre longtemps avant qu'on trouve une solution dans un autre hôtel proche du lieu de départ du car. En effet vu l'heure de convocation (5h du matin), je préfére ne pas être à l'autre bout de la ville. Trouver un Zem à 4h30 du mat' pouvant s'avérer une tâche difficile.
Le départ aura lieu finalement à 6h10 avec quelques minutes de plus à cause de quelques retardataires. Il nous faudra un peu moins d'une heure pour parcourir les 30 premiers kilomètres et sortir de Cotonou. C'est ici que les ennuis commencent réellement. Nous sommes à Abomey-Calavi, il y a des travaux sur la route, une déviation a donc été mise en place mais par des pistes. Or en ce moment au Bénin c'est la saison des pluies, les pistes sont donc en très mauvais état, surtout au vu du nombre de véhicules qui les empruntent chaque jour.
Notre car après avoir raté la déviation, les responsables du bus ne semblant pas au courant de la présence de celle-ci, s'engage alors dans cette piste en très mauvais état, on se demande parfois si l'on ne va pas rester enlisé. Vu le gabarit de notre car, c'est parfois difficile de se frayer un chemin, heureusement pour nous le chauffeur maîtrise vraiment son véhicule. Nous retrouvons alors le "goudron" après voir visité les faubourgs de Calavi. Notre joie est de courte durée, en effet plus loin des camions garés à l'emporte-pièce bloquent la circulation. Certains véhicules sont en attente depuis près de 3 heures... Notre chauffeur décide alors de prendre une nouvelle piste, une sorte de déviation pour éviter le bouchon des camions, c'est alors qu'un poid-lourd nous est rentré dedans. Sympa ce début de voyage, 30 kms effectués, 2h depuis le départ et déjà un accident. Bien entendu, le chauffeur du camion n'avait ni permis de conduire, ni papier de son véhicule et en plus il roule sans freins... heureusement il n'a renversé personne dans sa manoeuvre, mais que penser s'il y avait eu un enfant à ce moment là... Il a alors fallu attendre l'arrivée de la police pour le constat d'accident, ce qui a pris une heure supplémentaire.
Retour à la piste, beaucoup de voiures font demi-tour en disant qu'on ne peut pas passer, nous avançons péniblement, en zigzagant entre les voitures embourbées et les trous d'eau, ça me fait penser un peu au film le "salaire de la peur" lorsque le camion est bloqué au milieu d'un gué. Finalement notre chauffeur avec beaucoup de dextérité nous sort de ce mauvais pas. Il reçoit d'ailleurs les applaudissements mérités des clients lors de notre arrivée sur le goudron.
Nous avons pris beaucoup de retard sur l'horaire, mais cela ne s'améliore pas, en effet la route jusqu'à Bohicon est parsemée d'ornières, ce qui ne permet pas de rouler à vive allure. D'ailleurs on croisera plusieurs camions renversés victimes du mauvais état de la route ainsi que des chargements trop importants. Une fois cette partie de route passée, il nous reste encore beaucoup de kilomètres pour arriver jusqu'à la frontière, désormais ce sont les gendarmes qui vont nous faire perdre environ 1h.
Nous sommes de retour au temps de la dîme où ce que l'on appelle de façon plus contemporaine la corruption. Ici les douaniers comme les gendarmes sont les mieux lotis pour appliquer ce système. En effet, si vous ne payez pas une contribution, au mieux la route vous est fermée, au pire c'est contrôle du car et de ses occupants. Comme nous sommes très en retard et que nous souhaitons arriver à la frontière avant la fermeture nocturne il vaut mieux ne pas discuter en chemin avec les gendarmes lors des différents barrages. Cela en devient saôulant, nous aurons eu au final près de 30 barrages de la gendarmerie, en moyenne ils recevront à chaque fois 2000 FCFA. Une fois nous devrons même payer 4000 FCFA parce qu'il y a des "yovos" dans le car...
Les haltes sont très brèves, à peine le temps d'acheter de quoi manger et nous repartons, il faut être aux douanes côté burkinabé avant 18h30 heure du Burkina-Faso, au vu des formalités administratives de sortie du Bénin et d'entrée côté Burkina, nous dépassons de 20 minutes l'heure fatidique. On nous évoque alors la possibilité de devoir dormir sur place si les douaniers ne veulent pas venir contrôler nos bagages. Il existe une autre solution, payer 25000 FCFA pour que les douaniers veuillent bien venir immédiatement. En ramenant cette somme à chaque passager, cela équivaut à 500 FCFA par personne. C'était sans compter sur les responsables du car qui ne veulent pas faire payer à leur client le contrôle des douanes, mais nous souhaitons partir le plus rapidement possible en direction de Ouagadougou. Un accord sera finalement trouvé et au bout de 2h de présence à la douane, nous reprenons notre route. Celle-ci sera brève, après 10 km parcourus nouvel arrêt, pour vérification des papiers des passagers et contrôle sanitaire (vérification du carnet de vaccination).
Nous sommes alors dans une zone sahélienne à l'est du Burkina-Faso, cette zone est réputée comme peu sûre, nous embarquons alors dans le car deux militaires chargés d'assurer la sécurité. Ceci pour éviter les coupeurs de route, en plus nous roulons de nuit il vaut donc mieux prendre des précautions. Notre car sera suivi par 2 mini-bus à partir de ce point, ils profiteront de l'accompagnement miitaire de notre car pour voyager dans de meilleures conditions de sécurité. Les hommes armés resterons avec nous jusqu'à Fada N'Gourma, à 200 km à l'est de Ouaga. Nous serons arrêtés encore 2 ou 3 fois dans la nuit pour des backchichs aux douaniers ou gendarmes sur la route.
Nous arrivons alors à destination à 3h du matin, 4h si l'on est à l'heure béninoise, je suis debout depuis 24h et dans ce car depuis 22h. Si l'on enlève l'heure dûe à l'accident, l'heure pour la corruption des gendarmes aux différents barrages, les 2 heures à la frontière Burkinabée et une à deux heures pour cette foutue déviation de Calavi, au final le voyage aurait duré presque 17h ce qui aurait été raisonnable. Mais ici en Afrique rien ne se passe normalement, il faut prendre cela avec le sourire et savoir être patient, sinon ce n'est pas la peine de venir sur ce continent.
Le départ aura lieu finalement à 6h10 avec quelques minutes de plus à cause de quelques retardataires. Il nous faudra un peu moins d'une heure pour parcourir les 30 premiers kilomètres et sortir de Cotonou. C'est ici que les ennuis commencent réellement. Nous sommes à Abomey-Calavi, il y a des travaux sur la route, une déviation a donc été mise en place mais par des pistes. Or en ce moment au Bénin c'est la saison des pluies, les pistes sont donc en très mauvais état, surtout au vu du nombre de véhicules qui les empruntent chaque jour.
Notre car après avoir raté la déviation, les responsables du bus ne semblant pas au courant de la présence de celle-ci, s'engage alors dans cette piste en très mauvais état, on se demande parfois si l'on ne va pas rester enlisé. Vu le gabarit de notre car, c'est parfois difficile de se frayer un chemin, heureusement pour nous le chauffeur maîtrise vraiment son véhicule. Nous retrouvons alors le "goudron" après voir visité les faubourgs de Calavi. Notre joie est de courte durée, en effet plus loin des camions garés à l'emporte-pièce bloquent la circulation. Certains véhicules sont en attente depuis près de 3 heures... Notre chauffeur décide alors de prendre une nouvelle piste, une sorte de déviation pour éviter le bouchon des camions, c'est alors qu'un poid-lourd nous est rentré dedans. Sympa ce début de voyage, 30 kms effectués, 2h depuis le départ et déjà un accident. Bien entendu, le chauffeur du camion n'avait ni permis de conduire, ni papier de son véhicule et en plus il roule sans freins... heureusement il n'a renversé personne dans sa manoeuvre, mais que penser s'il y avait eu un enfant à ce moment là... Il a alors fallu attendre l'arrivée de la police pour le constat d'accident, ce qui a pris une heure supplémentaire.
Retour à la piste, beaucoup de voiures font demi-tour en disant qu'on ne peut pas passer, nous avançons péniblement, en zigzagant entre les voitures embourbées et les trous d'eau, ça me fait penser un peu au film le "salaire de la peur" lorsque le camion est bloqué au milieu d'un gué. Finalement notre chauffeur avec beaucoup de dextérité nous sort de ce mauvais pas. Il reçoit d'ailleurs les applaudissements mérités des clients lors de notre arrivée sur le goudron.
Nous avons pris beaucoup de retard sur l'horaire, mais cela ne s'améliore pas, en effet la route jusqu'à Bohicon est parsemée d'ornières, ce qui ne permet pas de rouler à vive allure. D'ailleurs on croisera plusieurs camions renversés victimes du mauvais état de la route ainsi que des chargements trop importants. Une fois cette partie de route passée, il nous reste encore beaucoup de kilomètres pour arriver jusqu'à la frontière, désormais ce sont les gendarmes qui vont nous faire perdre environ 1h.
Nous sommes de retour au temps de la dîme où ce que l'on appelle de façon plus contemporaine la corruption. Ici les douaniers comme les gendarmes sont les mieux lotis pour appliquer ce système. En effet, si vous ne payez pas une contribution, au mieux la route vous est fermée, au pire c'est contrôle du car et de ses occupants. Comme nous sommes très en retard et que nous souhaitons arriver à la frontière avant la fermeture nocturne il vaut mieux ne pas discuter en chemin avec les gendarmes lors des différents barrages. Cela en devient saôulant, nous aurons eu au final près de 30 barrages de la gendarmerie, en moyenne ils recevront à chaque fois 2000 FCFA. Une fois nous devrons même payer 4000 FCFA parce qu'il y a des "yovos" dans le car...
Les haltes sont très brèves, à peine le temps d'acheter de quoi manger et nous repartons, il faut être aux douanes côté burkinabé avant 18h30 heure du Burkina-Faso, au vu des formalités administratives de sortie du Bénin et d'entrée côté Burkina, nous dépassons de 20 minutes l'heure fatidique. On nous évoque alors la possibilité de devoir dormir sur place si les douaniers ne veulent pas venir contrôler nos bagages. Il existe une autre solution, payer 25000 FCFA pour que les douaniers veuillent bien venir immédiatement. En ramenant cette somme à chaque passager, cela équivaut à 500 FCFA par personne. C'était sans compter sur les responsables du car qui ne veulent pas faire payer à leur client le contrôle des douanes, mais nous souhaitons partir le plus rapidement possible en direction de Ouagadougou. Un accord sera finalement trouvé et au bout de 2h de présence à la douane, nous reprenons notre route. Celle-ci sera brève, après 10 km parcourus nouvel arrêt, pour vérification des papiers des passagers et contrôle sanitaire (vérification du carnet de vaccination).
Nous sommes alors dans une zone sahélienne à l'est du Burkina-Faso, cette zone est réputée comme peu sûre, nous embarquons alors dans le car deux militaires chargés d'assurer la sécurité. Ceci pour éviter les coupeurs de route, en plus nous roulons de nuit il vaut donc mieux prendre des précautions. Notre car sera suivi par 2 mini-bus à partir de ce point, ils profiteront de l'accompagnement miitaire de notre car pour voyager dans de meilleures conditions de sécurité. Les hommes armés resterons avec nous jusqu'à Fada N'Gourma, à 200 km à l'est de Ouaga. Nous serons arrêtés encore 2 ou 3 fois dans la nuit pour des backchichs aux douaniers ou gendarmes sur la route.
Nous arrivons alors à destination à 3h du matin, 4h si l'on est à l'heure béninoise, je suis debout depuis 24h et dans ce car depuis 22h. Si l'on enlève l'heure dûe à l'accident, l'heure pour la corruption des gendarmes aux différents barrages, les 2 heures à la frontière Burkinabée et une à deux heures pour cette foutue déviation de Calavi, au final le voyage aurait duré presque 17h ce qui aurait été raisonnable. Mais ici en Afrique rien ne se passe normalement, il faut prendre cela avec le sourire et savoir être patient, sinon ce n'est pas la peine de venir sur ce continent.
Posté par tevirc à 17:00 - Commentaires […] - Permalien [#]
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